(Actions et “re”actions  se profilent contre le sachet..)

3 ans après la promulgation de la loi contre les sachets plastiques au Bénin, son usage continue d’indigner des « éco citoyens » et observateurs qui accusent la passivité des autorités. Incompris par leur lenteur, les acteurs au pouvoir disent  agir pour solutionner  ce phénomène  récurrent aux conséquences multiples.

Utilisation abusive des sachets plastiques par une dame

Les sachets plastiques ne sont pas prêts à quitter le cadre de vie des Béninois ! «Avant c’était la couleur noire,  maintenant il y en a de toute sorte», déplore Déo-Gratias, un jeune naturaliste. Dans les  marchés de Dantokpa  à Azèkè en passant par Ouando et Houndjroto, «l’usage du  sachet plastique a atteint un record excessif», s’alarment des Organisations Non Gouvernementales spécialisées dans la protection de l’environnement.  Récipients par excellence,  emballages de maints biens de consommation,  ils survolent les marchandises des bonnes dames et se retrouvent entre les mains de nombreux clients qui y viennent faire des achats.

Même «dans nos quartiers, on utilise deux sachets plastiques   pour  emballer  un seul repas et parfois chaud», assène un citoyen sur un ton fataliste. Tout comme lui, bon nombre d’usagers bien conscients des risques de cette pratique déclarent n’avoir pas de choix en raison de son caractère bon marché. «Le gari, la glace, le bissap, le sel, le poisson, le “pure water” (l’eau fraîche)  vont se vendre sur du papier ? », s’est demandé une vendeuse en raillerie.

Ainsi, délaissés après usage, ils ont tendance à s’envoler, et on les retrouve un peu partout : «en promenade au sol, sur des lieux d’habitation,  emporté par le vent ou au crochet des arbres et dans les milieux naturels», indique un agent de la Société de Gestion des Déchets du Grand Nokoué. Selon le directeur de l’environnement et du climat, le recours   aux sachets plastiques non biodégradables pour les emballages et autre est source de plusieurs impacts négatifs sur, l’environnement, la santé et l’économie.

Du poison lent …

Repas emballés en sachets

En pleine nature, outre la pollution visuelle qu’ils représentent, ces déchets ayant 400 ans comme durée de vie, constituent un véritable danger pour l’environnement. Des sources concordantes ont fait savoir que  les sacs plastiques sont souvent constitués de polyéthylène d’origine pétrolifère et d’autres molécules issus du gaz naturel ou d’autres minéraux. Pour réduire les sachets plastiques, la population  procède simplement à leur incinération, faute d’infrastructures de recyclage et de traitement de ces déchets.  Une pratique qui  libère du gaz carbonique et de la vapeur d’eau, renforçant l’effet de serre et contribuant du coup au réchauffement climatique.

Déjà, l’incinération de ces sachets plastiques libère dans l’atmosphère des Composés Organiques Volatils (COV) comme le Monoxyde de Carbone (CO) qui est un gaz très toxique et cancérigène,  selon des sources hospitalières

De plus, enfouis dans le sol, ils obstruent les réseaux d’évacuation d’eau augmentant le risque d’inondation. Ces plastiques,  présentes dans l’écosystème,   entraînent la perte  des espèces aquatiques qui les ingèrent . À titre illustratif, des scientifiques ont montré que la tortue marine, espèce en danger, s’étouffe avec des sacs plastiques qu’elle prend pour des médusés. Malgré ces multiples dégâts et ceux potentiels, les langues se coupent sur la posture à adopter.

Si certains pensent qu’il faut mener une lutte souple et exécutable contre le sachet plastique  vu ses «ultra méga multifonctions»,  et de son vil prix,  soutient Eddy Donhouedé,  un jeune ingénieur agronome,  d’autres souhaitent qu’il faut opposer une lutte radicale et  jusqu’au-boutiste pour sauvegarder l’environnement à la génération future et arrêter la mort lente de la population par la l’emballage plastique des repas chauds, alerte Sandra Idossou, entrepreneur et activiste de l’environnement. «Patrice Talon et son gouvernement seront assez courageux pour arrêter l’empoisonnement de nos populations qui mangent dans le sachet plastique», a-t-elle déclaré en demandant ainsi l’application de la loi portant interdiction des sachets plastiques. «C’est bien beau d’interdire les sacs plastiques», consentent plusieurs observateurs. Mais  c’est quoi l’alternative ? «Faut-il les remplacer par quelque chose de moins cher et multifonctions pour les démunis», estime Ziab Ouabi, marchande aux autorités.

Ce que fait  maintenant le gouvernement…

Surpris du silence des autorités face à l’utilisation des sachets non biodégradables,  excepté les pharmacies et supermarchés,   malgré la promulgation  de la loi n° 2017- 39 du 26 décembre 2017 portant son interdiction, et élus et activistes s’interrogent.

Suite donc à une question formulée par l’honorable Dr Sedami Fagla Medegan,  le 12 janvier 2021, le ministre José Tonato, chargé du cadre de vie et de développement durable a donné de la voix.  Comme réponse à cette préoccupation a-t-il martelé que le gouvernement entreprend des actions pour rayer la pratique. Il s’agit entre autres de l’«octroi d’agrément aux importateurs des sachets biodégradables, l’acquisition des détecteurs des sachets biodégradables et la formation à leurs utilisations», a-t-il servi  aux élus du  parlement.

En outre, il a ajouté que la formation et l’équipement  de plusieurs écoles se poursuivent pour la fabrication des sacs à partir des papiers journaux, tissus…et ce n’est qu’après avoir rempli tous ces préalables qu’il faut repenser à l’exécution de la loi de répression, une sorte de charrue avant les bœufs mais qui vaut actuellement le coup.

Abdel Karim