Par François Charles

 

Du « débat » français aux Comores

Alors que, sur le territoire français, à l’initiative conjuguée de l’extrême-droite et des institutions, s’installe un climat délétère anti-immigrés et antimusulmans, le président français s’en va conduire, très martialement, une expédition sur le continent africain pour y exporter sa politique à l’encontre des…Comoriens.

Médias et classe politique français sont sur les dents, un « débat » fait rage et des « questions majeures » se posent : Interdire aux femmes de porter un foulard pour accompagner les enfants des écoles aux sorties scolaires ? Interdire aux femmes portant le foulard de pénétrer dans des espaces institutionnels ? Plus largement, les musulmans sont ils compatibles avec la République ? Sont-ils solubles dans la France de tradition chrétienne ? Sont-ils assimilables ?

Autant de questions « ouvertes », dont la récurrence ne fait que les transformer en « problème », et qui, de fil en aiguille et dans la surenchère, conduisent forcément à toutes les extrémités.*

« Questions » qui se mêlent, évidemment, très étroitement au traitement de l’immigration par le gouvernement français, visant essentiellement les personnes issues d’Afrique Subsaharienne et du Nord. (Restrictions AME, reconduites aux frontières, quotas…)

Lachasse aux migrants Comoriens

Alors que se renforce nettement l’arsenal anti-migrants sur le territoire de la métropole, c’est entouré de militaires, qu’Emmanuel Macron annonce aux habitants de Mayotte, « département français d’Afrique », une série de mesures sécuritaires : « Des gestes forts et un vrai plan de lutte contre l’immigration clandestine. ».N’omettant pas de rappeler que, depuis son arrivée, les reconduites à la frontière avaient très fortement augmenté puisqu’elles étaient passées de 10 000 en 2018 à environ 24 000 depuis le 1er janvier 2019 (!), le président de la France, comme un symbole, fanfaronnait sur un bateau de la police de reconduite aux frontières (la PAF), encadré par des navires de l’armée  française survolés par un hélicoptère !

Pendant que sur le territoire national, immigrés et musulmans sont, de plus en plus clairement, désignés principaux responsables de l’insécurité, de la raréfaction des emplois, de la baisse des salaires, de la faillite des organismes sociaux… Emmanuel Macron, à l’encontre des comoriens, s’en est allé porter la même rhétorique, sur le sol même du Continent africain !

La désastreuse  politique du bouc émissaire

Par la France, Mayotte est considéré, depuis 1976, comme un département français. Un accaparement réalisé arbitrairement que fut imposé, par référendum, la séparation de Mayotte de l’archipel des Comores pour en faire une propriété de la France.

Un accaparement, il convient de le rappeler, condamné par l’ONU à de multiples reprises !

Un département français, peut-être…mais tellement abandonné par la métropole que 85% de ses habitants y vivent en dessous du seuil de pauvreté !

Inutile de préciser, avec un tel constat, que les services publics, comme les investissements, sont à peu près au niveau zéro et que la majeure partie de la population est condamnée à la survie.

C’est de cette situation catastrophique que l’administration française tire le prétexte de la répression anti-migrants.  » La France c’est la sécurité ! » a ainsi affirmé le président français, accusant ouvertement les immigrés, les clandestins de l’insécurité ressentie par les habitants;

Comme en métropole, les autorités, loin de reconnaître la nature sociale et politique des problèmes et difficultés rencontrés par les personnes et, en définitive leur responsabilité, en accuse directement les immigrés.

Dès lors, leur conclusion est limpide : stigmatiser, discriminer et…accélérer les expulsions !

Cette politique du bouc-émissaire qui ne peut conduire, où qu’elle soit menée, qu’aux pires catastrophes, telles qu’en ont déjà vécu les deux continents, Africain comme européen.