Parce qu’il importe que les choses soient claires et sans appel, en préambule, il faut dire nettement et hautement des rapports sur la nature des carburants fournis aux pays d’Afrique de l’Ouest existent au niveau de l’Inspection pour l’environnement humain et les transports. Le contenu de ce rapport est sans appel : « Les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest sont mélangés autant que possible ». Des produits ajoutés et des normes de toxicité des centaines de fois supérieures à celles autorisées dans le reste du monde.

Carburants nocifs
Le rapport met cruellement en lumière un fait, désormais avéré, à propos duquel nombre de spécialistes et d’observateurs avaient lancé des alertes et des mises en garde :  Les grandes entreprises pétrolières de distribution de carburant, profitant des normes très floues et des contrôles aléatoires en vigueur en Afrique de l’Ouest, contournent les lois internationales de santé publique et ajoutent, en quantité considérable, des produits hautement toxiques aux carburants destinés aux pays de la région.
C’est dans les ports hollandais et dans les terminaux de stockage que l’essence et le diesel, de basse qualité et propriété des géants du pétrole domiciliés en Suisse, sont renforcés par des substances hautement toxiques pour l’air et terriblement cancérigènes.
Interdites à le vente en Europe et ailleurs dans le monde, les opérations d’ajouts sur ces carburants sont menées sans problème puisque effectuées sur des produits uniquement destinés à…l’Afrique de l’Ouest.
Ainsi, on peut donc dire que c’est sciemment et en toute impunité que, utilisant les Pays Bas et la Suisse, l’Europe et ses géants pétroliers tuent en Afrique depuis des années et des années. Sciemment et impunément.

Un poison hautement dosé  
On sait par l’OMS que 7 millions d’Africains décèdent chaque année à cause des particules fines !
Peut-on imaginer que ces marchands soient vénaux au point de mener ce genre « d’opérations commerciales » meurtrières uniquement pour l’augmentation de leurs profits ? La réponse est oui !
Ce sont en effet pas moins de 44 tankers à destination de l’Afrique de l’Ouest chargés de ce dirty-carburant dont les cargaisons ont été examinées, à quai, par la police hollandaise.
Les conclusions sont accablantes. A ainsi été confirméee la présence des produits comme l’isoprène, le benzène, le manganèse et…le souffre. La teneur de tous ces produits mortels a été signalée comme étant « présente à grande échelle ».
A titre d’indication, le journal français Le Monde, rapporte que la présence de souffre dans ce type de carburant trafiqué a été identifiée à hauteur de 200 à 1000 fois supérieure à ce qu’autorisent les normes en vigueur en Europe !
Qui peut ignorer aujourd’hui que le souffre est le premier responsable de la pollution de l’air aux particules fines ?
Les villes d’Europe sont suffisamment préoccupées par ce type de pollution, et communiquent de même  massivement sur ce problème, pour que personne ne puisse dire : « je ne savais pas. »
Quand au Manganèse, benzène et isoprène on doit également savoir qu’ils sont interdits dans la plupart des pays du monde !

Des morts pour des profits
Des morts annoncées pour maintenir le niveau de bénéfices !
Les Nations Unies elles-mêmes dénoncent désormais ce scandale de santé publique.  » La livraison de carburants toxiques à destination de l’Afrique de l’Ouest n’est rien moins qu’un scandale environnemental et de santé publique. L’idée que certaines parties du monde ne méritent pas la même protection sanitaire que les autres est tout simplement choquante. » (Erik Solheim. Directeur Programme des Nations Unies pour l’Environnement. « PNUE »)
Erik Solheim ajoute même que, de son point de vue, « la vente de ce cocktail toxique doit cesser immédiatement »
On sait, depuis belle lurette, que les géants du pétrole se fichent pas mal des injonctions émanant des ONG ou des institutions internationales spécialisées dans l’environnement et la santé publique. Il y donc fort à craindre que Les compagnies Total, Shell, ExxonMobil….continuent de réaliser leurs bénéfices en profitant des faiblesses juridiques et policières des pays et des villes de la région ouest africaine concernée.
Les pays Bas ont fait un pas en reconnaissant leur responsabilité dans le trafic chimique effectué sur ces produits pétroliers « bas de gamme ».
En revanche, la Suisse, lieu de résidence commerciale de tous les plus grands groupes incriminés, comme à son habitude a préféré la prudence et n’a donc pas jugé utile ou intéressant de réagir. Ce comportement montre à quel point, certains pays d’Europe, même tout à fait informés, continuent à couvrir leurs « ressortissants » lorsqu’ils s’agit de profits et…de victimes africaines « lointaines ».

Cette affaire des carburants tueurs en est une expression parfaite de ces activités commerciales malhonnêtes et des millions d’africains vont donc continuer à mourir, chaque année, des particules fines disséminées dans l’air par les plus grandes marques d’essence.
L’ironie est totale quand on sait que pour la plupart de ces compagnies, une grande partie de leur pétrole est désormais extrait d’Afrique, dans des conditions de travail exécrables et de pollution massive, pour y être réexpédié après avoir été trafiqué en Europe du Nord et y tuer les populations.
Par le poison du « dirty-carburant » sont concernés au premier chef, le mali, le Bénin, le Sénégal, la Côte d’Ivoire. Et bien sûr, les villes de ces régions comptent parmi les plus polluées du monde. On y attend l’explosion de maladies cardio-vasculaires et de cancers.
On attend de ces pays que les responsables politiques y prennent leurs responsabilités….