Affaires et parfum de fric

Depuis des années, bien avant son arrivée au sommet de l’Etat, Sarkozy s’était déjà fréquemment trouvé mêlé à des affaires à fort parfum d’argent. Une situation de corruption banale et généralisée, déjà, sous couvert entre autres, de la fameuse et sinistre appellation « financement des partis politiques ». Le journal français Le Monde en a dénombré pas moins de dix. Ceci étant, on aurait pu penser que, une fois parvenu au palais de l’Elysée, à la fonction de « plus haut magistrat », comme se plaisent à la définir les laudateurs de l’ordre établi, le personnage change de moeurs et de pratiques. L’histoire montrera que loin s’en faut.

De financements occultes par surfacturation dans l’affaire Bygmalion,  en trafic d’influence au détriment de la veuve Béttencourt, héritière unique de l’Oréal, affaire pour laquelle, malgré de nombreux témoignages et accusations, il bénéficiera d’un non lieu, s’ajoute l’affaire du financement de sa campagne par la Libye de Kadhafi, attesté par les témoins clés de l’enquête, qui sera suivie par une guerre dévastatrice contre la Libye tout entière, la mort de centaines de milliers de civils et, bien sûr, celle du “dictateur” lui-même…On le voit clairement, c’est donc bien de toute une cohorte de scandales politiques, militaires et financiers qu’est jalonné le quinquennat Sarkozy.

 

Condamné !

Ce mercredi 17 mai, pour une de ces affaires, par confirmation de la cour d’appel de Paris, il est cette fois condamné à trois années de prison dont une ferme. On notera que, au grand dam de l’opinion publique et du respect d’une justice que les puissants essaient toujours de présenter comme équitable, son année de prison a immédiatement été commuée en…port d’un bracelet électronique.

L’accusation est pourtant très claire : « Corruption et trafic d’influence » !

Un énoncé aussi lourd que précis, accablant pour l’accusé, certes, mais aussi pour tout un système politico-maffieux autorisé, comme l’était le voyou Bénalla par Macron, gravitant quasi ouvertement et impunément dans les plus hauts sommets de l’état, favorisant le recours à de telles pratiques, hors sol, prédatrices et souvent meurtrières comme ce fut le cas pour cette guerre insensée engagée contre le peuple Libyen, sur les conseils avisés de quelques homme d’affaires « visiteurs du soir » et de Bernard Henri Lévy, philosophe déclaré et va-t-en guerre patenté.

S’agissant de Sakozy, le déroulé des faits rappelés à l’audience confine au gangstérisme du plus mauvais goût. En effet, par le tribunal d’abord, puis par la cour d’appel de Paris, il est ainsi condamné pour  avoir, sous un faux nom, essayé d’obtenir de Gilbert Azibert, avocat général à la cour de cassation, des informations classées secrètes concernant le dossier Bettencourt dans lequel il était – on l’ a vu – largement compromis. En l’espèce, l’accusation s’est fondée sur des écoutes téléphoniques interceptées entre Thierry Herzog avocat de Sarkozy et son client, conversations échangées sur des téléphones prépayés et achetés sous le faux nom de…. Paul Bismuth. En son temps, autrement dit lors du premier procès, le parquet national financier, le PNF, avait qualifié ces pratiques comme celles propres à des « délinquants chevronnés ».

Un système, forcément…

Deux autres procès attendent ensuite l’ex chef de l’état, puisqu’il est totalement impliqué dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Bygmalion, une agence de communication qui fournissait « gentiment » des fausses factures pour truquer les comptes de campagne dans lesquels les dépassements étaient faramineux.

Ce procès, qui s’était déroulé en 2021, avait condamné Sarkozy à une année de prison ferme, peine commuée au port du bracelet électronique, déjà !

Pour la deuxième affaire dans la file, celle dite des « valises libyennes ». Nicolas Sarkozy y est notamment soupçonné d’avoir perçu  la somme de cinquante millions euros, du temps de la dictature de Kadhafi, consacrés au financement de sa campagne électorale.

D’appels en recours, de recours en appels, des années pour faire durer, des « relations » utiles, les « meilleurs » avocats du barreau, des bracelets électroniques comme à Gravelotte et la condamnation unanime de la décision de la cour d’appel par tout le ban et arrière ban de la classe politique de gouvernement comme des médias aux ordres, il est aisé de comprendre que, par delà le cas spécifique de Sarkozy, partie émergée de l’iceberg, c’est de tout un système politico-maffieux dont il est question…

 Une classe politique au-dessus des lois

Au moment où, en France, le gouvernement Macron est devenu incapable de faire appliquer sa politique anti-sociale et anti-jeunes autrement que par la violence policière de masse; où sa gestion répressive des manifestations est condamnée jusqu’à l’ONU; au moment où la justice incarcère et condamne à tour de bras des citoyens pour avoir tapé sur des casseroles pendant un discours de Macron à la télévision « pour port d’arme par destination »; où d’autres sont interpellés chez eux, devant leur famille, pour fait de grève, par des nervis habillés en forces de l’ordre, enlevés en voiture, frappés et humiliés; au moment où des jeunes, étudiants et lycéens, sont maintenus des jours en garde à vue pour avoir manifesté contre la réforme des lycées et collèges et la réforme de retraites, qu’ils sont interdits de manifester et convoqués en octobre et en novembre prochains dans les tribunaux pour y être jugés…il est logique que le comportement « au-dessus des lois » de cette caste politique ait été ressenti comme une provocation supplémentaire.

Personne n’oublie cette réflexion de Coluche à propos de la justice : »Il y a deux sortes de justice, il y a l’avocat qui connaît bien la loi et il y a l’avocat qui connaît bien le juge ».

 Par François Charles & Romuald Boko