La crise entre Bamako et Abidjan, n’a pas fini avec ses rebondissements. Le dossier prend un nouveau tournant. Dans le bras de fer qui oppose le Mali et la Côte d’Ivoire depuis le 10 juillet 2022, le Président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, a fixé de nouvelles conditions et exige des autorités ivoiriennes, l’extradition de certaines personnalités politiques maliennes en exil dans ce pays voisin au lendemain des derniers coups d’État. Abidjan crie au scandale et accuse Bamako de prise d’otage.

Par Edmond Sossou

Depuis la libération pour des raisons humanitaires de 03 femmes membres des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali, il se dessinait un espoir pour la libération des 46 restants.

Cet espoir serait de très courte durée, car les nouvelles autorités maliennes, viennent de mettre à nouveau la pression sur la partie ivoirienne.

Goita veut la tête de certains hommes forts du régime défunt caché à Abidjan

La nouvelle fait de grand bruit depuis le weekend dernier. Certaines sources proches des négociations pour la libération des 46 soldats ivoiriens encore en détention au Mali, indiquent que Mali est en train de faire volte-face.

Le colonel Assimi Goïta, demande expressément au Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, l’extradition vers le Mali, de certaines personnalités politiques proches du régime renversé par l’équipe de la transition.

Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et Tiéman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense et des Affaires étrangères sous Karim Boubacar Keïta, seraient desormais, les principaux menus compliqués à cuisiner que le Mali demande à la Côte d’Ivoire, dans ce festin de 46 soldats ivoiriens.

À en croire Bamako, ces personnalités dont dépend désormais la libération des 46 soldats ivoiriens, bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali. Ainsi, leur remise aux nouvelles autorités maliennes, permettra de mettre en souffrance tous leurs plans négatifs contre le régime militaire en place.

Goïta dans un double jeux ?

Plusieurs sources proches des discussions affirment que le Président  de la transition, le colonel Assimi Goïta, avait récemment accepté de ne plus exiger l’extradition des politiques maliens présents en Côte d’ivoire, contre la libération des soldats ivoiriens détenus au Mali.

Mais tout semble démontrer que Assimi Goïta est déterminé et compte sérieusement utiliser cette arme contre la Côte d’Ivoire avec qui, les relations sont détériorées depuis le début de la crise au Mali.

Quelles conséquences pour les deux pays ?

Au regard des enjeux autour de ce dossier, plusieurs spécialistes estiment qu’il serait très difficile de voir la Côte d’Ivoire accéder à l’exigence du Mali.

Livrer des opposants maliens en exil sur son territoire aux autorités maliennes, présenterait la Côte d’Ivoire, comme un pays qui cède au chantage et va porter un coup dur  à l’image du pays.

Au même moment, cette situation pourrait coûter cher aux Maliens résidents en Côte d’ivoire. Ils sont environs trois millions et grâce à l’économie ivoirienne, ils sont très importantes pour la vitalité de l’économie malienne.

Rappelons que Bamako et Abidjan, sont étroitement liés par des échanges de marchandises et surtout l’électricité. Même si les deux pays sont encore loin d’atteindre ce point dégradant de leur relation, le double language du Mali, semble à terme ouvrir une triste porte dans ce conflit.

La médiation et la communauté internationale, le dernier rempart pour la paix?

Le Togo, l’Onu, Cedeao et l’Union Africaine sont les principaux mediateurs fortement impliqués dans la résolution de cette crise entre les deux pays voisins.

À en croire les responsables de ces organisations, la mission ne serait pas facile. Mais tout serait mis en oeuvre pour trouver une sortie de crise pacifique entre le Mali et la Côte d’Ivoire.

Un Conseil national de sécurité devrait se pencher sur ce dossier à Abidjan cette semaine.