Jovenel Moïse a été assassiné dans sa résidence privée à pèlerin 5, commune de Pétion-Ville. Nous en sommes tous et toutes au courant depuis tantôt huit jours. Le président de facto a été abattu de sang-froid à l’instar d’un canard sauvage jusque dans l’intimité de son lit conjugal.

La police a déclaré qu’un groupe de mercenaires, pour la plupart des Colombiens, était à l’origine de l’attaque. L’on a même soupçonné un médecin haïtien ayant fomenté ce coup monté et exécuté. La police a laissé croire que le  pasteur Emmanuel Sanon serait à l’origine de cet assassinat. Car il allait être le plus grand bénéficiaire en devenir président !

Jovenel, 53 ans, a été torturé jusqu’à sa mort dans son patelin à Pèlerin 5. Dans ce quartier huppé perché sur les hauteurs de Pétion-Ville, le meurtre a été perpétré vers 1 heure au matin du 7 juillet 2021. La victime a reçu 12 projectiles en sus des blessures au front et plusieurs au torse. Son œil gauche avait été arraché et les os de son bras droit, de son genou  droit et de sa cheville avaient été fracturés.

C’est ce que stipule l’un des juges en charge de l’enquête. Jovenel est décédé sur les lieux et a été retrouvé allongé au sol sur le dos. Sa chemise blanche toute trempée de sang d’un rouge vif témoigne de la violence de l’attaque dont il a subi. L’ex-première Dame, Martine Moïse, a également été atteinte de trois projectiles. Mais, elle a eu l’ultime privilège de bénéficier de la faveur de la providence. Transportée en toute urgence en Floride le même jour, elle a survécu à ses blessures. Encore aux États-Unis, ses médecins ont annoncé qu’il serait dans un état stable.

De Qui serait ce forfait ?

La Police Nationale d’Haïti a déclaré qu’un groupe de mercenaires principalement étrangers seraient les auteurs de cette attaque. 26 Colombiens et deux Haïtiens Américains constituaient le groupe qui aurait commis le meurtre. Ils ont également arrêté un Haïtien qu’ils soupçonnent d’avoir joué un rôle clé comme auteur intellectuel.

L’hypothèse de Steven Benoit

L’ancien sénateur d’opposition Steven Benoit a déclaré sur une station de radio la capitale. « Je pense que Jovenel Moïse avait été exécuté par ses propres agents de sécurité. Ce ne sont pas les Colombiens qui l’ont tué », c’était le vendredi 9 juillet à Radio Magic9. Cependant, aucune preuve n’a été avancée pouvant étayer une thèse aussi osée.

Le journal colombien El Tiempo a cité une source anonyme en Haïti disant que le groupe de 28 personnes était arrivé à la résidence privée des victimes entre 02h30 et 02h40. Pourtant, c’est longtemps après l’heure qu’a eu lieu l’attaque ayant conduit à l’assassinat du président.

Bien que, l’heure d’arrivée de 02h30 citée par El Tiempo semble contredire les témoignages des voisins immédiats qui ont déclaré avoir vu plusieurs SUV et « des hommes blancs et armés » arrivés dans le quartier vers 01h00. Un enregistrement audio publié sur le compte Twitter vérifié de Martine Moïse est attribué à la première dame.

Des responsables gouvernementaux dont le Ministre de la Culture et de Communication Pradel Henriquez a tenté d’authentifier cette note vocale  rapportant le moment de l’attaque. D’autres « voye monte » s’en sont suivis. Mais à bien regarder, ce fut l’objectif de cet audio jugé comme faux par les techniciens en la matière. Les véritables auteurs de ce meurtre cherchent à tout prix à brouiller toutes les pistes.

« En un clin d’œil, les mercenaires sont entrés dans ma maison et ont criblé de balles mon mari ». Drôle de voix pour une victime qui vient d’assister en première loge à l’assassinat son propre mari. D’autant plus trois projectiles sont encore logés dans sa chair d’où suintent par intermittence des fines gouttelettes de sang.

Mêmes les plus naïfs n’oseront croire dans cette arnaque mal programmée. Admettons que l’enregistrement serait la voix originale de Martine Moïse. Si tel serait le cas, elle devrait être la première à être inculpée dans l’assassinat de son propre mari. Mais, le ministre de la Communication Pradel Henriquez a insisté sur le fait que c’était le cas.

Toutefois le journal en ligne Ayibopost en collaboration avec 2 experts étrangers en intelligence artificielle n’ont pas validé la version du gouvernement.   https://twitter.com/Ayibopost/status/1414298916217053191?s=20

Qui en sont les suspects ?

Selon la Police Nationale d’Haïti 28 suspects au total ont été recensés. 20 d’entre eux ont été appréhendés. 3 ont été tués. 5 sont en fuite. Le chef de la Police Nationale d’Haïti Léon Charles a déclaré que 26 des suspects étaient des ressortissants Colombiens et les deux autres étaient Haïtiano-Américains.

Un juge d’instruction a déclaré que les deux Américains d’origine haïtienne avaient déclaré aux interrogateurs qu’ils avaient été embauchés comme interprètes sur Internet. Les deux allèguent qu’ils ne savaient pas qu’il y avait un plan pour exécuter le président. Mais, ils pensaient qu’ils devaient servir d’interprètes lors de son arrestation.

Les langues officielles d’Haïti sont le créole et le français. Tandis que les suspects colombiens parlent l’espagnol exclusivement. Léon Charles a déclaré que l’un d’eux avait reçu ce que le suspect croyait être un mandat d’arrêt émis contre le président. La plupart des détenus colombiens ont été identifiés comme étant d’anciens soldats, dont un lieutenant-colonel.

Des membres de la famille des suspects ont déclaré aux médias colombiens que les mercenaires leur avaient dit qu’ils avaient été embauchés « pour assurer la sécurité » en Haïti. Après avoir pris leur retraite de l’armée, de nombreux soldats colombiens vont travailler pour des sociétés de sécurité à l’étranger. Principalement ils vont aux Émirats Arabes Unis. Là, ils sont appréciés pour leur formation et leur expérience dans la lutte contre les groupes armés.

Qui est l’employeur des Colombiens ?

La Police Nationale d’Haïti a annoncé le 11 juillet avoir arrêté un « Suspect clé » dans l’assassinat du président. Le commandant en chef de la PNH Léon Charles a allégué que le ressortissant haïtien Christian Emmanuel Sanon avait embauché 26 des 28 membres de l’escouade. Ces tueurs à gages ont été recrutés par l’intermédiaire d’une société basée à Miami appelée CTU.

Elle est dirigée par le ressortissant vénézuélien Tony Intriago. Le DG ai de la police, Léon Charles a déclaré que M. Sanon était la première personne que l’un des suspects colombiens avait appelée lorsque la police les avait encerclés. Il a ajouté que le médecin de 63 ans, qui réside en Floride, était arrivé en Haïti à bord d’un jet privé début juin avec des « motifs politiques ».

Léon Charles a déclaré que la police avait trouvé des armes, des munitions et une casquette de la « Drug Enforcement Administration » (DEA) en sa possession. Il a ajouté que les suspects avaient appelé deux autres individus alors qu’ils tentaient de s’échapper. Mais, le chef de la police n’a pas encore révélé leur identité.

Léon Charles a déduit que les Colombiens auraient pu se laisser duper par M. Sanon, qui envisageait de devenir président d’Haïti par effraction. Ce serait alors une grave infraction aux lois de la République « La mission initiale confiée à ces assaillants était de protéger l’individu nommé Emmanuel Sanon. Néanmoins, par la suite le but de la mission a été modifié » », a-t-il déclaré. Il n’a pourtant pas jugé opportun de préciser si tout ou une partie des suspects avait été informés des changements.

Attendons voir !

 Lovelie Stanley NUMA Corr/Haïti