Les manifestations qui se sont déroulées ce vendredi dans de nombreuses villes ont certainement pris de court le pouvoir qui s’en tenait aux interdictions et se pensait à l’abri. Erreur fatale !

« Sissi dégage ! »

Des milliers de manifestants ont ainsi bravé le pouvoir du militaire Abdel Fattah Al Sissi, ex général parvenu au pouvoir à la faveur des manifestations monstres de 2011, dites du « printemps arabe », dirigées contre le gouvernement islamiste de Mohamed Morsi pour la liberté et la démocratie.

Au prix de ses mensonges sur la soit-disant « transition démocratique » qu’il prétendait incarner, trahissant toutes les revendications démocratiques de la population, Al Sissi s’est ensuite, maintenu au pouvoir par la répression la plus dure, incarcérant massivement les opposants de tout bord et interdisant, purement et simplement, toute forme de protestation et notamment du droit de manifestation.

C’est dans ce contexte dangereux que les manifestations ont repris ce vendredi, montrant la profonde détermination et le grand courage des jeunes et de la population.

L’homme des USA

Les USA ne sont jamais cachés de vouloir tout faire pour que l’Egypte, tombée dans leur giron depuis Sadate, demeure dans leur zone d’influence et devienne, avec Israël, leur second gendarme dans la Région. Obama en son temps, très concerné, avait été très clair : il faut aux USA un allié fiable et stable dans la Région ! (Iran, Irak, Libye, Syrie…)

Pour ces raisons et depuis ce temps, les ventes d’armes américaines à l’Egypte sont toujours à leur plus haut niveau, armes de haute technologie à utiliser dans leur « lutte contre le terrorisme » régional et international aux côtés des USA, bien sûr, mais aussi armes de répression des populations, à usage interne dont il n’est, évidemment, nul besoin de préciser la destination…

Al Sissi aux pieds d’argile

Répression et austérité font que Al Sissi est aujourd’hui, pris à son propre piège. L’armée est entrée dans l’ingérence ouverte de secteurs entiers de l’économie. Très récemment, son porte-parole déclarait que les forces armées supervisaient directement plus de 2300 projets impliquant plus de 5 millions d’emplois civils. Une dérive de captation lourde de tous les dangers.

Par ailleurs, pour couvrir les dettes, occasionnées notamment par ses achats d’armes, comme tous les autres satellites et vassaux des USA, Al Sissi doit trouver de l’argent et, comme tous les autres, il se tourne alors vers les prêteurs vautours des pays riches, ceux-là même qui lui commandent les dépenses et qui lui vendent, en même temps, les matériels exigés. Un nouveau système triangulaire…

La banque Mondiale et le FMI arrivent alors dans le jeu et c’est ainsi que, depuis 2016, le FMI lui ayant octroyé un prêt de 12 milliards de dollars, Al Sissi n’a eu d’autres choix que d’obéir à ses injonctions concernant les mesures d’austérité drastiques contre services publics, les salaires et provoquant des flambées des prix.

C’est dans ce contexte explosif qu’une prochaine grande journée de manifestations est annoncée pour le 27 septembre, elle pourrait annoncer, pour Al Sissi et ses comparses, le début de la fin de règne.

Par François Charles