ÉCONOMIE NUMÉRIQUE : Des start-ups en vogue en Afrique de l’ouest.
L’entrepreneuriat semble être l’apanage du succès au 21è siècle. L’innovation à tout bout de champ des start-ups en Afrique de l’ouest suscite l’admiration des investisseurs.
L’Afrique de l’ouest bouge ! Venus du Bénin, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire du Nigeria et du Ghana, les disrupteurs s’illustrent merveilleusement bien dans le monde entrepreneurial avec l’un des plus vieux métiers de la finance, proposant des services plus variés et accessibles. Diplômés, qu’ils soient motivés par une expérience professionnelle quelconque, une passion affichée pour la technologie numérique ou par des profits, ces entrepreneurs de « jeunes pousses » se donnent comme mission principale de répondre aux besoins quotidiens des populations. Ces start-ups se créent majoritairement dans les domaines de l’agriculture, le commerce, les énergies renouvelables, la santé assurance, le transport et la logistique. Du fait, au Sénégal, Souleymane Gning innove « Assuraf », l’ingénieur Nelson Korshi Da Seglah du Ghana crée Korba, une start-up de paiement interopérable, l’amazone béninoise Bola Bardet propose des services d’assurance santé à travers sa start-up « Susu » basée en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ceux-là. L’impulsion des start-ups relève d’une évidence en Afrique de l’ouest d’autant plus que de gros investissements des services publics comme privés s’y introduisent chaque année.
De gros investissements pour la promotion des start-ups
231,7 millions $, c’est la cagnotte financière levée par les startups de l’Afrique de l’ouest au premier trimestre de l’année 2021. Bien que ces fonds levés en début d’année soient encore inferieurs à ceux mobilisés en 2019, avant la crise de la covid-19, on note une nette progression des financements par rapport aux 62,2 millions $ en 41 cycles de financement réalisés par ces start-ups au quatrième trimestre 2020.
Par contre, la majorité des financements ont été mobilisés par une seule entreprise, la fintech nigériane « Flutterwave », qui a décroché avec brio 170 millions $ en mars 2021. Cette action a été d’un succès grâce à un financement de série C, et « Flutterwave », est devenue une licorne africaine avec une valorisation abondante dépassant le milliard $.
Par ailleurs, les « Fintech », les entreprises de technologie de la santé et les sociétés de transport et logistique sont les trois secteurs d’activité les plus sollicités par les investisseurs dans la région ouest-africaine au cours de la période. Dans le rapport publié par la plateforme « Baobab Insights », les investisseurs ont davantage accordé des financements compris entre 500 000 $ et 5 millions $ et ont réduit les investissements en dessous de 500 000 $. « Ce nombre croissant de transactions de plus grande taille est peut-être une indication d’un écosystème en voie de maturation avec une grande fréquence de cycles de financement ultérieurs », révèle la plateforme Baobab au sujet de l’exploit réalisé par les start-ups ouest-africaines au premier trimestre de l’an 2021.
Au Sénégal, Total et Worldwide (paiements électroniques) ont investi en 2018, 3,7 millions d’euros dans la start-up « InTouch d’Omar Cissé ». Cette dernière est spécialisée dans la commercialisation de l’agrégateur permettant aux commerçants de recevoir des versements des nombreux services de paiement par téléphone mobile disponible sur le marché. Dans le domaine de l’énergie, la start-up « M-Kopa », propose d’installer des panneaux solaires chez des particuliers moyennant un modeste montant initial, puis des micro-paiements sur téléphone mobile à l’issue desquels le client devient propriétaire. Au Nigéria, « Trade Depot », une plate-forme mobile met en relation les grands fournisseurs de biens de consommation avec les petits détaillants qui assurent la vente de leurs produits.
Au Bénin, avec le financement OUMANDERA du Fonds d’Appui à l’Entrepreneuriat Numérique (FAEN), le gouvernement de la rupture à travers son ministère du numérique et de la digitalisation a subventionné 11 start-ups à hauteur deux cent millions de francs CFA (200.000.000F CFA). Chaque startup bénéficiaire a reçu entre 5 millions à 50 millions de francs CFA. À en croire le Directeur de Cabinet du Ministre de l’Économie et des Finances, Hermann Orou TAKOU, « il y a un milliard de francs CFA qui est prévu dans le budget national pour les start-ups ». D’autres programmes de financement seraient déjà en cours pour accélérer l’émergence des start-ups en République du Bénin.
Des incubateurs naissent…
Ces dernières années, on enregistre la création de centres d’incubation destinés à l’accélération de l’innovation au service de la création des emplois, de l’auto-emploi et, d’une manière générale, des richesses. Ceci, dans plusieurs domaines de la vie économique. Du fait, l’incubateur ghanéen, « Meltwater School of Technology (MEST) » s’illustre comme un véritable socle de l’incubation en Afrique de l’Ouest. Basée à Accra au Ghana, la Meltwater School of Technology s’impose comme un « hub » numérique parmi les établissements digitaux les plus influents du continent africain. Et ce, depuis 2015 qu’elle influence l’arène Tech et start-up africaine. La MEST est à la fois une école d’informatique, une académie entrepreneuriale et un incubateur de start-ups. Elle permet aux jeunes ghanéens d’apprendre à coder le plus rapidement possible pour créer des applications mobiles et découvrir les mirabelles et les difficultés tant de l’innovation que de l’entrepreneuriat numérique. Réputée dans la formation qualitative, la MEST a fait plusieurs start-pers qui lui font honneur à travers le monde. À titre d’exemples, l’interface de messagerie « B2C Dropifi », une start-up ghanéenne formée à MEST a été en 2013 la première start-up africaine à rejoindre le célèbre accélérateur de la Silicon Valley (500 start-ups). Encore, les prouesses du service de marketing mobile via SMS « NandiMobile », une autre start-up de l’incubateur Meltwater d’Accra qui, elle aussi, fait des étincelles à San Francisco (USA), en arrivant en tête d’une compétition de start-ups internationales constituées de plus de 100 jeunes pousses concurrentes.
Au Sénégal, une sérieuse option est prise pour faire avancer le tissu économique à l’ère des innovations numériques et développer durablement les structures de production des richesses du pays. De ce fait, le Centre d’incubation et de développement des entreprises de femmes et de jeunes (CIDEFJ) vient en appuie aux porteurs de projets, aux jeunes chefs de micro-petites et moyennes entreprises. Pour réussir ses missions, le CIDEFJ a prisé trois axes majeurs : la préincubation qui s’adresse aux promoteurs d’entreprises ayant des projets innovants et les appuie dans la transformation de leurs idées de projet en création d’entreprises viables ; l’incubation elle-même qui concerne les promoteurs de micro-petites et moyennes entreprises (M–PME) en phase de démarrage et les accompagne jusqu’au stade de leur expansion ; et la post-incubation qui soutient les dirigeants de micro-petites et moyennes entreprises et rend possible l’optimisation de leurs activités, jusqu’ à la phase de maturation totale. Dans le cadre de la mise en œuvre du programme « Sénégal numérique 2025 », il est prévu l’octroi des bourses d’études annuelles dans le domaine du numérique, la formation à l’entreprenariat numérique et l’adoption des réformes en vue de l’amélioration de l’environnement des affaires.
Au Bénin, le développement de l’économie numérique est une priorité. Il est à la fois basé sur l’innovation permanente et la mise en place d’un écosystème dynamique avec des initiatives, majoritairement portées par des jeunes start-upers. Ces startups aspirent à monter en échelle et à se stabiliser pour évoluer vers des entreprises viables et créatrices d’emplois. Ainsi, le gouvernement béninois à travers son ministère du numérique et de la digitalisation multiple les actions pour insuffler une nouvelle dynamique à l’économie nationale. Du coup, grâce au projet Fonds d’Appui à l’Entrepreneuriat Numérique (FAEN), le ministère du numérique et de la digitalisation stimule l’émergence des start-ups à travers des formations, d’appuis financiers directs et d’accompagnements techniques à l’intention des disrupteurs nationaux. En fonction des activités, des partenaires tels que les Structures d’Accompagnement à l’Entrepreneuriat Innovant (SAEI) : Incubateurs, Accélérateurs, les centres d’innovations et les Tech Hubs, les Universités et Centres de recherches, les Fournisseurs d’accès Internet et Opérateurs GSM se mobilisent pour l’émergence des start-ups au Bénin. Faut-il préciser que plus de 200 jeunes ont bénéficié en ce mois d’août 2021, des bourses de formations pratiques en développement web et mobile, à travers le projet LeARN du ministère du numérique et de la digitalisation.
En appuie à toutes ces initiatives qui sous-tendent la promotion de l’innovation numérique, l’opérateur des télécommunications « Orange », soutient pour sa part, la création de cinq incubateurs en Afrique dont quatre en Afrique de l’ouest, depuis 2011. Il s’agit entre autres de : CTIC Dakar au Sénégal, CIPMEN au Niger, CREATEAM au Mali et SABOUTECH en Guinée. Les incubateurs, les accélérateurs et les fab-labs soutenus par Orange mettent également en place d’autres stratégies d’appui, telles que : des fonds de capital-risque, du crowdfunding, des compétitions et des boîtes à outils en ligne.
En somme, les pays d’Afrique de l’ouest engagent une révolution à la fois numérique et économique en vue de stimuler l’émergence des « jeunes pousses » au plan continental puis mondial. Ainsi, les retombées des technologies numériques peuvent contribuer à la création d’emplois, à l’auto-emploi des jeunes start-upers et autres innovateurs.
Koffi Albert ADANDJI