Un éditorial de Romuald Boko

L’issue du tant attendu  procès de Blaise Compaoré et de ses coaccusés semblait être rangée dans les oubliettes du passé après  le coup d’état qui avait porté au pouvoir les militaires au pays des hommes intègres. Mais le dénouement de ce procès n’a pas tardé contrairement aux allégations complotistes pourtant non avérées.

Et les familles des victimes du 15 octobre 1987 qui attendent depuis 35 ans que justice soit faite, que les restes des corps de leurs parents leur soient restitués afin d’organiser leur inhumation, et pouvoir enfin faire leur deuil, peuvent s’en frotter les mains.

Car, la bonne nouvelle, c’est que l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, a été condamné à la prison à vie pour attentat à la sureté de l’état et complicité dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987.

Arrivé au pouvoir en piétinant le cadavre de son ami Thomas Sankara, l’ex président Blaise Campaoré en aura été chassé par le peuple, ce peuple si cher, justement, au coeur du père de la révolution burkinabè Thomas Sankara.

Blaise Campaoré, marionnette exemplaire et servile de la Françafrique, tentant pitoyablement de s’accrocher jusqu’au bout, aux dernières heures de sa vie de despote, couvert du sang burkinabé, sang qu’il n’aura, au fond, jamais cessé de faire couler.

Vingt-sept années usurpées au sommet de l’état, vingt-sept années de dictature et de destruction économique du pays, années de plomb, de privation de liberté et de misère pour la population.

Et surtout aussi, vingt-sept longues années durant lesquelles la France, toutes tendances politiques confondues, aura porté à bout de bras ce triste sire, sans jamais défaillir.

Durant toutes ces années la diplomatie française aura ainsi fermé les yeux sur toutes les turpitudes du « président-dictateur ». De la misère économique imposée au pays, mis en coupe réglée, au système de corruption parmi les pires de toute la région ; de ses tripatouillages constitutionnels pour se maintenir au pouvoir aux meurtres des ses opposants politiques tel celui, emblématique, du journaliste Norbert Zongo ; de ses soutiens avérés aux milices de Charles Taylor qui sévissaient alors au Libéria et dans les régions de la Sierra Leone à sa proximité, à forte odeur de diamants, avec les mouvements rebelles en Angola…Un « président » qui, somme toute, en toute impunité, tant à l’intérieur du Fasso qu’à l’extérieur pour toute la sous-région, se conduisait en véritable voyou. Un « président-voyou » qui sera pourtant reçu à l’Elysée en 2012, par un François Hollande fraîchement élu et que, rien de tout ce que, pourtant, il savait fort bien, ne semblait gêner alors.

Compaoré, l’intouchable ami de la France, ami de Ouattara, répondra seul devant la justice des hommes avant de répondre devant celle de Dieu.

Mais l’heure de la justice étant venue, Blaise Compaoré, âgé aujourd’hui de 70 ans, a été condamné par contumace avec son ancien chef de la sécurité Hyacinthe Kafando, qui a également été condamné à la prison à vie.

Toutefois, la question de son extradition pose un sérieux problème car, Campaoré détient depuis 2015 la nationalité ivoirienne. En effet, la Cote d’Ivoire a refusé d’extrader Blaise Compaoré en dépit de tout ce que le gouvernement burkinabé et l’appareil judiciaire ont tenté.

Mais avec un peu plus de pression sur le Président Ouattara, il pourrait lâcher prise afin que l’ancien Président Blaise Compaoré purge convenablement sa peine dans son pays d’origine.

De toute évidence, il faut que dire la vie se passe rarement comme nous l’avions prévue.

C’est Ida-Christy qui aura compris et nous partagerons la vertu de sa pensée avec les hommes forts du moment :  « celui qui se croit toujours supérieur aux autres finira tôt ou tard par rester seul, oublié de tous ».

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas.