Répression et ingérence ?

Alors que, confronté à une mobilisation sans précédent de toute la société algérienne depuis des mois et des mois, contestation qui, loin de s’épuiser prend, au contraire, un tour de plus en plus conséquent, sérieux et déterminé, le régime a fait le choix de la répression tous azimuts, l’UE, soutenant apparemment les revendications populaires, lui apporte en réalité un soutien direct.

En effet, la déclaration de la présidente de la sous-commission des droits de l’homme au parlement européen sur la question algérienne a fait l’effet d’une bombe, l’espace d’un court temps : Marie Arena, la présidente, venait ainsi de déclarer que sa commission soutenait « les revendications du hirak* algérien.« 

Comment, se demandaient les observateurs, les militants concernés, dans le monde et en Algérie, comment se pouvait-il que l’UE, qui a toujours soutenu les « aventures » armées tant en Irak qu’en Syrie, au Mali, en Libye et jusqu’en Afrique sub-saharienne, comment ce parlement européen pouvait donc se ranger aux côtés d’un peuple en lutte pour sa liberté ?

Un « soutien » empoisonné au hirak

Pour celles et ceux qui auraient pu tomber dans le panneau, il n’aura suffit que quelques heures pour que tombent les précisions et la dure réalité cachée dans ce curieux « soutien. »

Dans les heures qui suivaient cette annonce, l’UE publiait un communiqué qui précisait définitivement sa position : « Nous espérons que des élections contribueront à répondre aux aspirations du peuple.« 

En fait, sous couvert de soutien au hirak qui, on le sait, est mobilisé vent debout contre la magouille du régime consistant à le faire rentrer « à la maison » au prétexte d’élections dont personne ne veut, l’UE, défend le projet du régime : accentuer la répression, n’accorder aucune des revendications démocratiques et procéder à des élections bidon dont chacun connaît l’issue favorable au système.

Les hydrocarbures en toile de fond

Derrière ce soutien à peine voilé au régime se décalquent, en réalité, et en ombres chinoises, les mesures en cours concernant la Sonatrach auxquelles les grandes entreprises européennes sont, on s’en doute, fortement « intéressées ».

Il y a  belle lurette que la question des richesses du sous-sol algérien est au centre des tensions entre le pouvoir et la population. Il y a déjà 20 ans, en effet, que la privatisation venue sur la table, était repoussée par l’Assemblée Populaire Nationale pressée, elle-même, par une très forte mobilisation populaire.

C’est donc cette affaire qui revient aujourd’hui et qui devrait, selon les caciques au pouvoir, se dérouler, entre autres, selon les modalités suivantes : 32 ans d’exploitation possible des champs de pétrole pour les entreprises étrangères, 35 ans pour le gaz de schiste, dispense de fiscalité pour les entreprises de recherche, d’exploration et de prospection…dispense des frais de transport des hydrocarbures par pipe-lines etc…etc…

Voyant cette grande braderie annoncée des richesses nationales du sol et du sous-sol algérien, on comprend mieux que l’UE, soucieuse d’abord des intérêts de ses entreprises préfère donner son soutien au régime qui lui « vendra » l’accès libre aux hydrocarbures.

Intérêts capitalistes et « droits de l’homme » font rarement bon ménage…

Par François Charles,