Palestine : La politique de la terre brûlée et du massacre
Palestine : Gaza en voie de disparition
Par François Charles & Romuald Boko
Les jours qui ont suivi l’opération menée par le Hamas en territoire israélien, Tsahal a procédé à un déferlement de bombardements sur l’enclave. Un “carpet bombing” incessant, de jour comme de nuit, sans discernement, frappant essentiellement les personnes civiles, les hôpitaux, les écoles, les lieux de culte, etc… Déjà, confinées dans un réduit géographique extraordinairement restreint, avec une densité de population hors normes, les victimes se comptaient évidemment par milliers.
Des bombardements préventifs afin de “mieux préparer l’intervention au sol de nos troupes” expliquaient alors les chefs militaires israéliens. Avant de pilonner les populations, l’armée faisait savoir que les habitants du Nord, zone périurbaine située essentiellement autour de Gaza city, devaient aller se réfugier “de toute urgence”, sous peine d’être tous tués sous les bombes. Ils devaient partir pour la zone sud de Gaza, près de la frontière égyptienne, que le dictateur Al Sissi tient toujours hermétiquement fermée.
Une décision qui, dans l’urgence absolue et le dénuement le plus total, à bord des véhicules de fortune, de voitures surchargées et pour la plupart à pied, allait précipiter plus d’un million de réfugiés sur les routes dans une panique indescriptible. Bien entendu, la triste réalité est que, par-delà les “annonces”, nombre de ces malheureux, pris pour cibles, périront.
En fait, dès le début, les “stratèges” militaires de Tsahal avaient décidé, pour attaquer Gaza, d’opter pour la combinaison la plus meurtrière possible, à savoir l’alternance ininterrompue des interventions aériennes et des interventions au sol.
Sachant le carnage qui allait inévitablement s’ensuivre, le jour précédant la mise en œuvre de cette opération, Israël prit soin de couper tout à la fois l’Internet et le téléphone. Une décision particulièrement claire : pas d’images, pas de reportages, blackout total. Autrement dit, “Silence, on tue !”.
Et ce qu’on découvrira le lendemain ne laissera malheureusement planer aucun doute.
Ce déluge de bombes incessant a provoqué, et provoque toujours, des dégâts humains hors d’imagination. A ce jour, les autorités palestiniennes font état de plus de 10 000 victimes. Ce qui fait dire au médecin français, président de l’ONG médecins du monde, dans le journal Libération du 30 octobre “Nous sommes passés d’une prison à ciel ouvert à un charnier à ciel ouvert”
Un acharnement meurtrier que nombre d’observateurs n’hésite plus à qualifier de génocidaire, pendant que les Nations Unies, condamnations après condamnations, n’ont de cesse de considérer les exactions de l’armée israélienne contre les Palestiniens comme des crimes de guerre.
Après avoir, au moyen d’incessantes guerres de colonisation, accaparé plus des quatre cinquièmes du territoire et placé les territoires palestiniens sous tutelle, Israël nourrirait- il le plan de “débarrasser” la Palestine de ses derniers Palestiniens encore autonomes ? C’est en tout cas ce qu’on peut entendre dans les médias de la part de certains thuriféraires du régime Netanyahou interrogés sur “les buts de guerre”. Des sources non autorisées, nous dira-t-on, mais pour certaines, pourtant, très proches du pouvoir.
L’impérialisme fait bloc avec Nethanyahou.
Biden avait immédiatement donné toute latitude à Nethanyahou :. ” Nous ne fixerons aucune ligne rouge à Israël”. Traduction : Feu vert aux massacres et à l’épuration ethnique.
A grand renforts de tapage médiatique, Emmanuel Macron fut un des premiers à se précipiter à Jérusalem rencontrer Nethanyahou pour “l’assurer de son soutien inconditionnel”. Aujourd’hui, devant l’ampleur des massacres, constatant les mobilisations gigantesques des opinions publiques mondiales et de la sienne aussi, il joue à faire semblant de “reculer un peu”, réclamant une action “plus juste” de la part des militaires israéliens, à ceux-là mêmes qui bafouent tout droit international depuis 1948 et ridiculisent l’ONU elle-même sans discontinuer ; il demande “un peu plus d’humanitaire”. De “l’humanitaire” à dissoudre dans quelle potion, grands dieux !? Dans les frappes aveugles des mortiers ? Dans les bombardements des écoles et des hôpitaux ? Ainsi, le président français se dit favorable à des “gestes humanitaires” irréels, mais oublie bizarrement de se prononcer pour un “cessez-le-feu” tout à fait réalisable…
Bien sûr, tous ceux qui, comme la France, bafouant les droits des peuples, continuent leurs menées militaires en Afrique pour assurer la protection de leurs multinationales, voient d’un très mauvais œil persévérer la lutte d’un peuple contre la colonisation et leur système impérialiste de domination.
De la même façon, par le passé et pour des raisons semblables, les Français d’abord, puis les USA, par des guerres terribles et des moyens colossaux, ont combattu les Vietnamiens en lutte pour leur indépendance ; La France encore, qui, pour le maintien de ses intérêts économiques et stratégiques en Afrique du Nord, livrera une guerre particulièrement meurtrière au peuple algérien contre son indépendance ; sans omettre bien sûr le soutien impérialiste international au régime d’apartheid en Afrique du Sud jusqu’à sa chute, obtenue par le combat de la résistance intérieure et des pays africains amis de l’ANC.
Une solidarité qui gêne
De longue date, la volonté farouche des Palestiniens à demeurer sur leur terre, pour tous les progressistes du monde, est le symbole du refus de la domination impérialiste. Dans les pays occidentaux, les dirigeants, tous rangés derrière l’impérialisme US, se retrouvent désormais en porte-à-faux avec leurs propres opinions publiques. En Angleterre, après que le gouvernement se soit prononcé pour “le droit d’Israël à se défendre”, c’est une manifestation de plus de 500 000 personnes qui lui répond dans les rues de Londres. Même situation aux États-Unis où Biden voit son électorat traditionnel lui exprimer un désaveu cinglant tant dans les universités que dans les manifestations massives.
En France, là où l’exécutif a décidé de réprimer toute manifestation de solidarité avec la Palestine, quelle qu’elle soit, là où les tribunaux ont été appelés à la rescousse pour criminaliser tout soutien public, eh bien là aussi, passant au travers les mailles du filet répressif, ce sont des milliers de personnes qui se sont mobilisées.
Dans les pays ex-colonisés ou encore dominés, la Palestine occupe toujours une place particulière, dans les pays arabes bien sûr, mais aussi dans les pays de l’Afrique subsaharienne, la détermination de ce peuple dans sa lutte anticoloniale a toujours forcé l’admiration et la solidarité. Et là aussi, les dirigeants qui, pour la plupart, dans la droite ligne des “accords d’Abraham”, tissaient plus ou moins discrètement des liens avec Israël, tant sur les plans politiques qu’économiques, jusques et y compris sur le terrain militaire et, pire encore, sur l’arsenal répressif, se retrouvent, eux aussi, très gênés aux entournures diplomatiques.
À cet égard, le cas du Maroc est très parlant.
En effet, alors que le régime se trouve désormais à l’avant-garde du rapprochement d’un pays du monde musulman avec Israël dans de multiples domaines, y compris militaires, son opinion publique se déclare aujourd’hui à plus de 90%… défavorable aux Accords d’Abraham !
La Palestine Une et indivisible
N’en déplaise aux colons faiseurs de frontières, bien connus aussi en d’autres temps en Afrique subsaharienne, la Palestine est un pays à part entière, un et indivisible.
Dans son célèbre discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1974, Yasser Arafat rappelait que : ”L’ONU a divisé ce qu’elle n’avait pas le droit de diviser : Une partie indivisible”
Aujourd’hui pourtant, chez tous ceux que la Palestine dérange, on entend sourdre une petite musique vénéneuse qui voudrait que “ compte tenu de la situation, les Palestiniens feraient mieux de se contenter de ce qu’on leur laisse et acceptent la solution à deux états”. Une manière à peine déguisée de régler enfin cette “question” qui gêne, exact parallèle avec les Israéliens qui voudraient se débarrasser, une fois pour toutes, de ce qu’ils appellent, eux, le “problème”.
La solution des deux états est une vieille lubie des impérialistes partout où ils livrent des guerres contre l’émancipation des peuples. Ils ont essayé de l’imposer au Vietnam entre un Sud et un Nord, ils ont essayé, de même, d’imposer des bantoustans aux Africains du sud, ils ont fait couper en deux la Corée… Sans oublier l’Afrique subsaharienne découpée à la règle selon leurs propres pointillés, les réserves dans lesquelles ils ont enfermé les natifs lors de leur conquête coloniale de l’Amérique du Nord.
C’est la partition, imposée par l’impérialisme à Oslo, véritable défaite de la résistance historique palestinienne, qui a conduit à la situation actuelle, une situation qui voit le colonisateur accaparer les quatre cinquièmes du territoire et laisser aux natifs deux entités/confettis non viables, sans continuité territoriale et sous tutelle militaire de l’occupant.
Jusqu’à la défaite de Oslo, la résistance palestinienne, de son côté, s’était toujours prononcée pour un état binational. C’est ce qu’affirmait encore Yasser Arafat, dans son même discours aux Nations Unies :” Nous luttons pour que les juifs, les chrétiens, les musulmans, puissent vivre avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.”
Aujourd’hui, tout le montre, ll n’y a pas d’autre issue.