Du Nigeria au Ghana en passant par le Bénin, le Togo, le Burkina Faso,  les prix des denrées alimentaires sont en hausse dans toute la région d’Afrique de l’Ouest.

Les statistiques révèlent que les produits locaux ont augmenté de près de 40%. Dans certaines zones, les prix ont même grimpé de plus de 200%. Face à cette  situation alarmante la communauté internationale se mobilise afin « d’éviter une catastrophe alimentaire » en Afrique de l’ouest mais aussi centrale.

Pour mieux comprendre les origines de cette flambée de prix et envisager des solutions de sortie de crise, notre équipe s’est rapprochée du docteur Hervé Kombieni, Maître-Assistant de Géographie (CAMES) Enseignant-Chercheur à l’UAC et spécialiste de la Géographie humaine et économique. D’autres acteurs sont également intervenus.

 

Dr Hervé Kombieni

La question de la crise alimentaire a ses origines lointaines. Cette question met en exergue plusieurs éléments qui combinent tout simplement nos comportements. A titre d’exemple, nous mettons ici en exergue la croissance démographique et l’exploitation exagérée des ressources naturelles à travers la pratique de l’agriculture.

Pendant longtemps, l’existence de l’homme et le nombre important de femmes et d’enfants que nos parents avaient, ne posaient pas problème. Mais depuis que cette situation a commencé par agir sur le climat et dont les effets ont conduit à sa péjoration, les problèmes ont commencé. En fait, la conséquence de l’indice synthétique élevé et l’exploitation de grandes superficie de terre conduit à la.modification du climat. C’est ce que plusieurs appels Changement climatique. On parlera de péjoration climatique si l’on n’a pas exactement les repères de cette modification du climat dans le temps.

Les modifications observées dans le climat ne sont rien d’autre que les dérèglement que l’on peut observer dans le climat. Ces dérèglements peuvent aller de la rareté des pluies à l’accès des pluies ou encore à la transposition dans le temps des pluies. A titre d’exemple, les pluies qui devraient tomber en juillet, peuvent ne pas tomber et tomber au cours d’une année en août dans la partie méridionale du pays. En conséquence, des types de produits agricoles peuvent disparaître, des types de faune peuvent ne plus exister. C’est d’ailleurs pourquoi certains petits oiseaux ont disparu ne peuvent être enseignés aux enfants qu’à travers des livres.

Cette description agit inéluctablement sur la production agricole et donc sur la production vivrière. En cas de déficit de produits vivriers, la loi du marché veut que les prix montent.

Ce qui ne satisfait ou ne fait plaisir à personne ni à aucune population.  Il faut donc anticiper pour mettre à l’abri les populations de telles situations qui aggravent leur condition de vie.

Au fait, en prévision d’une saison, le roi Akaba, a fait construire des greniers. Malheureusement, la saison visée était morte. Et en réponse à ce caprice du temps, le monarque du Danhomè, aurait dit ceci: < à une saison morte va succéder une bonne >. Aujourd’hui, on a plus cette certitude, qu’une bonne saison, comme dans le vieux temps, est appelée à succéder à une mauvaise. La preuve, la saison des pluies passée  a été catastrophique. Les effets sont là. Celle-ci ne promet rien. Donc, presque deux années consécutives de déficits pluviometriques. Il faut les spécialistes pour être sûr, que le Bénin, dans son histoire récente à connu pareille situation. Ceux qui, justement, ont la charge de  la mise en œuvre de l’adaptation doivent entrer en scène. L’adage du roi Akaba, confirme d’ailleurs, que les problèmes liés à la pluie ne datent pas d’aujourd’hui. Il est évident que la perturbation des saisons va avoir de sérieuses conséquences sur nos habitudes alimentaires. Il ne s’agit plus, si on est conséquent envers nous-mêmes d’attendre 90 jours avant de récolter le maïs. La recherche doit offrir des alternatives pour un maïs prêt a être récolté au bout de 30 à 45 jours si on veut rester en accord avec des saisons de pluies qui se rétrécissement d’années en années. Quotidiennement, il faut s’attendre à s’ajuster surtout face à la nature. Comme la nourriture, l’eau aussi va manquer. Elle ne tombera plus en quantité pour recharger la nappe phréatique. Et l’on entend partout s’élever les mêmes interrogations, que faire en cas de changement climatique ? Il faut maintenant tout imaginer et tout inventer. Diriger, c’est prévoir.

Les solutions possibles sont entre autres :

 1 – donner la priorité aux spéculations alimentaires pour garantir l’autosuffisance en cas de déficit ou de forte variation pluviométrique ;

 2- constituer des stocks, en suivant la politique qui avait vu naître l’ONASA sous le régime du Président Yayi Boni. C’était une bonne politique d’anticipation des frises alimentaires;

3 – faire de la diversification agricole autour des produits vivriers pour autonomiser les populations et garantir la sécurité alimentaire.

En ce qui concerne la priorité aux spéculations alimentaires, il faut retenir que cela est très important parce que,  selon le Professeur Boko, en 1985, une mission d’expertise d’un pays avait démontré que sur un hectare, le producteur de coton perdait 50.000 et que le producteur de céréale gagnait au moins de 30.000 net ( c’est-à-dire toute charges déduites). Un autre projet financé récemment par le même pays, a démontré que la dégradation des sols par les intrants coton les rendait infertiles pour 25 ans au moins. Sur la base de ces données scientifiques, il est urgent de concevoir une autre politique agricole.

 On doit donc savoir ce que l’on veut, et ce que l’on veut ne doit pas être contraire aux intérêts du peuple.

Maurice Vlavonou, entrepreneur agricole

La flambée des prix est dans tous les secteurs. Ceci est dû au Covid 19. Car les pays importateurs sont toujours en confinement.

Concernant les produits agricoles localement cultivés, il faut dire :

            ⁃          primo nous avons l’exportation de nos produits vivriers vers les pays voisins. Mais depuis que le gouvernement a mis la main sur l’exportation, nous constatons une baisse de certains produits tel que le gari, le maïs…

            ⁃          Secondo, nous avons l’installation tardive et la rareté des pluies depuis l’année dernière qui sont aussi à la base de la hausse des prix des produits de première nécessité. Je prends par exemple l’huile de palme. Il faut une certaine quantité d’eau pour que les plants donnent assez de régimes. Mais depuis l’année dernière la pluviométrie a baissé. D’où la chute de rendement cette année. Tous les produits issus du palmier à huile sont chers notamment notamment l’huile de palme, l’huile palmiste, le tourteau de palmiste.

La cherté du maïs, du soja, du tourteau de palmiste… font que la provende pour l’élevage est également chère. Ce qui agira sur le panier de la ménagère. En bref, nous pouvons dire que la cherté des produits vivriers est dû au coronavirus et l’installation tardive des pluies.

La rédaction