Diplomatie selon Trump, Business, deals, menaces, prédation… : Main basse sur l’Afrique !

Par François Charles & Romuald Boko

RDC : Les accords de paix bidon

A la fin du mois de juin, en pleine tempête économique mondiale déclenchée par l’administration Trump sur les droits de douane, Massad Boulos, conseiller spécial de Trump pour les affaires africaines, faisait signer à Washington, en présence de Trump, un accord aux présidents de la RDC et du Rwanda dont les armées respectives s’affrontent depuis plus d’une décennie.

Le 19 juillet, c’est le même Massad Boulos, cette fois dans une réunion convoquée à Doha au Qatar, qui amène un accord à signer à des représentants de la RDC d’une part, et des représentants des milices Alliance Fleuve Congo (AFC-M23) d’autre part. La perspective principale de cet accord étant de parvenir à un accord général à échéance de la fin août 2025.

A l’évidence, ce qui ressort de cette séquence, c’est la primauté globale que s’accordent les USA sur ce qu’il est convenu de nommer la “marche du monde”.

Qu’il s’agisse, en effet, du “règlement” de la question palestinienne par la destruction pure et simple de la Palestine, qu’il s’agisse des bombardements sans sommation contre Iran souverain aux raids sur le Yémen, qu’il s’agisse de l’humiliation d’un chef d’état allié, dont le pays est envahi, devant les caméras du monde entier (Zelenski), de l’imposition de droits de douane insensés au Brésil “coupable” de vouloir juger le putschiste Bolsonaro…nul ne pourra nier que, depuis l’arrivée des républicains à la présidence, l’administration Trump “number two” aura clairement fait passer le “droit international”, les Nations Unies and Co par dessus bord ainsi que leur cortège d’institutions internationales.

S’agissant du véritable objectif, comme un secret de polichinelle, il était éventé bien avant le début de cette “initiative de paix”. En contrepartie d’une protection des populations civiles, les USA avaient à vendre un accord de droits d’exploitation des sous-sols (!!) autrement dit prédation 100% des richesses !
A bien observer d’ailleurs, le contenu de cet accord engage surtout la responsabilité des parties belligérantes beaucoup plus celle que les USA qui, en définitive, n’auront qu’à retirer les marrons du feu. Qu’on y regarde de plus près : “Les parties signataires de l’accord (RDC et milices NDLR) s’engagent à privilégier la voie du dialogue et de la négociation pour régler leurs différends, renonçant à l’usage de la force et à protéger les populations civiles”

Autant de mots creux et de formules vagues qui n’engagent personne et, somme toute, tout à fait inspirés du “droit international” tant haï par Trump qui, en fait, montre là sa simple volonté de le remplacer ce fameux “droit international” par “le droit des USA”. Et, à propos d’efficacité, selon les observateurs sur place, dès le lendemain de la signature de cet accord bidon, que ce soit dans les provinces orientales du Nord-Kivu ou celles du Sud-Kivu, la guerre a continué son cours, engageant les deux parties signataires avec, comme si de rien n’était, les mêmes exactions et massacres contre les populations civiles.

Business et marketing VS développement.

Le 09 juillet cinq chefs d’état africains, répondant à une convocation de Trump, se sont rendus à la Maison blanche et ont été reçus autour d’un déjeuner, presque entre deux rendez-vous, serait-on tenté de dire.

Il y avait là les présidents Ould Ghazouani de la Mauritanie, Umara Sissoko Embalo de la Guinée-Bissau, Bassirou Diomaye Faye du Sénégal, Brice Oligie Nguema du Gabon et Joseph Boakai du Libéria. Les attendait une réalité qui dépasse la fiction. Une savante mise en scène privilégiant le mépris du “chef”. En effet, en demi-cercle face à la table, ils se sont vite aperçu que, simulant ou sincère, Trump ne connaissait rien à l’actu des participants pas plus qu’aux pays dont ils sont chefs d’État. Il aura donc fallu que, comme dans les réunions management d’entreprise, chaque président se présente, un par un, expliquant son pays…en trois mots s’entend. Le mépris allant jusqu’à entendre Trump s’étonner que le président du Libéria parle si bien l’anglais : “mais où avez appris à parler anglais ?“. lui demande Trump, ignorant superbement que le Libéria est un pays anglophone !

Une question se pose tout de même, à propos de collaboration, de développement, que sont-ils allés entendre à quoi ils ne s’attendaient pas ?

En fait, après cette mise en bouche par laquelle, Trump comme à son habitude commence par mettre ses interlocuteurs plus bas que terre, ils ont eu ce qu’ils étaient venus chercher : la confirmation que dorénavant tout se réglerait sur l’autel du business et, comme dans la tête de Trump tout était déjà en ordre, rien ne servait

de préciser davantage. S’en est alors suivi un monologue insipide, totalement déstructuré d’où il est uniquement ressorti la mise en place par les USA d’un “deal” de type nouveau. Un deal qui “annulait” les vieilles lunes des “aides au développement” et autres soutiens au continent pour la santé, la scolarité, etc…un deal qui ouvre la voie au partenariat “Win-Win”, “gagnant-gagnant” ou plus clairement “chacun pour soi”, soit : “tu as les richesses, j’ai la technologie, je ne

partage pas, j’exploite sur place, je fixe les prix, c’est ça le “gagnant-gagnant” Précision toujours aussi floue, cette “coopération” visera autant les ressources minières et sous-sol au sens large, l’énergie et l’agriculture ainsi que les infrastructures. On voit donc qu’il ne manque rien, ou presque, pour que, au détour d’une réunion insipide, soient définis les contours d’une opération de grande envergure contre le continent. Les manifestations qui se sont déroulées contre cette parodie de partenariat en disent long sur l’adhésion des masses africaines à ces capitulations en rase campagne.L’Afrique n’est pas à brader !

A l’heure où la françafrique perd de son influence directe, surtout dans ses ex-colonies, provoquant ainsi une reconfiguration géopolitique voit les remplaçants prédateurs déjà sur le rangs pour occuper la place; à l’heure où les états, en fonction de ces bouleversements se cherchent de nouveaux partenaires, sachant que ni l’Union Européenne ni la Chine ou la Russie ne sont de vrais “bons amis”, était-il de bon aloi que ces présidents africains se rendent ainsi à Washington, comme on va à Canossa ? La réponse est dans la question.

L’exemple de l’accord pourri “proposé” à Kagame et Tshisekedi devrait dessiller les yeux des responsables africains au lieu de les hypnotiser. En effet, il est clair que seul l’appétit des USA pour le sous-sol congolais a motivé cette mascarade et que le “Win-Win” sera bien vite transformé, comme toujours, en “jeu à somme nulle”.

Sachant, en prime, que, pour “appliquer” cet accord, les USA exigent la présence de forces armées américaines en protection. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre deux coups : “ 1/ je m’installe chez vous et 2/ j’ajoute une force armée pour protéger mes activités”

En tout état de cause, cet accord ne sera qu’une espèce d’entente entre prédateurs et complices pour le pillage sans limite des richesses du Congo. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, ce qui s’est tramé ici contre les intérêts des populations de la RDC, comme une traînée de poudre, se répandra à travers tout le continent.

La paix en Afrique ne peut pas être quémandée à ceux qui, après avoir imposer la déportation esclavagiste durant des siècles, ont répandu ensuite la violence des colonisations et, jusqu’à aujourd’hui, les guerres de prédation.
Cette démarche des chefs d’États va à l’encontre de la fierté et des intérêts des peuples d’Afrique, à l’encontre des intérêts des paysans, des travailleurs et des mamans, qui n’ont jamais profité de leurs ressources et, pire encore, qui n’y ont même jamais eu accès.

L’Afrique est riche, largement assez riche pour envisager seule, son indépendance et la paix.

Que les chefs d’État, au lieu d’obéir, empressés, aux injonctions de Trump, prennent leurs responsabilités, au plan économique et politique. Qu’ils prennent leurs responsabilités ou qu’ils se démettent. Le temps presse pour tout le continent. Qu’ils cessent d’endetter les populations, les livrant à la dictature du FMI et de la Banque mondiale. Qu’ils décrètent la cessation des remboursements exorbitants de cette dette illégitime dont les intérêts dépassent le montant nominal.
Ni la Banque Mondiale, ni le FMI, ni l’Union Européenne, ni quiconque, par ses milices ou forces armées, n’a à s’ingérer dans les affaires des États d’Afrique. Seule, la nationalisation des richesses sous le contrôle direct de toute la population, des paysans, des salariés, des mamans, pourra garantir l’indépendance et la paix sur l’ensemble du continent.

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