Les nouvelles autorités au pouvoir au Mali ont dénoncé et décidé de mettre fin lundi 2 mai 2022,  aux accords de défense signés entre le Mali et la France. La notification de cette nouvelle mesure a été faite au Chargé d’affaires de l’ambassade de France à Bamako, par le ministère malien des Affaires étrangères.

Par Edmond Sossou

La crise entre le Mali et la France est encore loin de finir. Depuis, le processus de désengagement de la force française Barkhane et de la force européenne Takuba, les relations entre le Mali et son partenaire la France, ont beaucoup détérioré. Ainsi, l’annonce de l’arrêt des accords militaires par les nouvelles autorités, indique le niveau de tension entre Paris et Bamako.

En effet, ce lundi 2 mai 2022, le traité de coopération en matière de défense qui existe depuis le 16 juillet 2014 avec la France, a été annulé par le Mali. Ces accords concernent, le statut des forces Barkhane et Takuba. L’information a été  officiellement rendue publique, par le ministère malien des Affaires étrangères, qui d’ailleurs, par voie diplomatique, a  informé les autorités françaises.

Pour Bamako les accords signés avec les pays européens, dont la France, dans le cadre de l’opération Takuba destinée à lutter contre le terrorisme au Sahel, sont caducs. Pour justifier cette nouvelle décision, les autorités maliennes, à travers un communiqué officiel, fustigent les atteintes flagrantes, de la part des forces françaises et des multiples violations de l’espace aérien du Mali.

Que reproche le Mali à la France

Le porte-parole du gouvernement du Mali, le Colonel Abdoulaye Maïga, était sur le plateau de la télévision malienne, ce lundi 02 mai 2022. Ce dernier, était venu livrer le communiqué du gouvernement de Bamako relatif à l’arrêt de la coopération militaire entre son pays et la France.

A travers cette sortie, le Colonel Abdoulaye Maïga, a indiqué que, le Mali a relevé des atteintes flagrantes de la part de la France. Alors que, les deux pays sonts engagés militairement sur différents théâtres depuis 2013. Pour la nouvelle équipe à la tête de l’État malien, la souveraineté nationale de leur pays est bafouée par leur partenaire. Le porte parole a ainsi fait cas, de l’attitude unilatérale de la France, lorsque, cette dernière a suspendu en juin 2021 les opérations conjointes entre les forces françaises et maliennes. L’annonce en février 2022, sans aucune consultation de la partie malienne par la France, du retrait des forces Barkhane et Takuba. Les multiples violations de l’espace aérien par les appareils français malgré, l’instauration par les autorités maliennes,  d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire, fait également partie de la longue liste des irrégularités relevées.

Outre ces insuffisances graves qui touchent  à la souveraineté nationale du Mali, le gouvernement conduit par le Colonel Assimi Goïta, a décidé de la dénonciation et de l’arrêt du traité de coopération en matière de défense signé le 16 juillet 2014.

A l’en croire, la fin du Sofa de mars 2013 relatif à l’engagement des forces françaises Serval et Barkhane au Mali, le protocole additionnel de mars 2020 concernant le détachements européens de Takuba et le regroupement d’unités spéciales européennes initié par la France, devra prendre effet immédiatement.

Paris encore muet sur les nouvelles agitations à Bamako

Le nouvel épisode du bras de fer entre Bamako, la France et ses partenaires, s’annonce aussi palpitant que les précédents. Notons que, celui-ci intervient quelques semaines après la fermeture d’un important camp de l’armée française à Gossi, dans le nord du Mali et la révélation par l’armée française, grâce à des images de drone, de la mise en scène d’un charnier dans ce camp en accusant, les Russes de Wagner d’être à l’origine de ladite opération. Malgré la violente réaction malienne du mercredi 27 avril 2022, en accusant l’armée française d’espionnage, de subversion ou encore d’avoir violé l’espace aérien malien, la France reste déterminée sur la véracité de cette information livrée par ses hommes au Mali.

Par contre, la communauté internationale, attend de voir dans les prochains jours, la réaction de Paris face à ce nouveau coup dure donner par Bamako. Un nouveau dossier lourd sur la table du Président français fraîchement reconduit, Emmanuel Macron.