Quand la communication en santé nous oblige à faire mieux

Un tribune de Cyrille Djami, Consultant en communication stratégique et fondateur de CommsOfAfrica

En Afrique comme ailleurs, la communication traverse une période de remise en question. Crise de confiance, montée des incertitudes, fragmentation des canaux… Dans ce brouhaha permanent, certains secteurs nous rappellent à l’ordre. C’est le cas de la santé. Ici, la communication ne se contente pas d’habiller un message. Elle le rend vital, lisible, et parfois même salvateur. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’intervention de Lebo Madiba, communicante sud-africaine, lors de la récente Africa Health Communications Conference. Sa phrase a marqué les esprits : en santé, la communication n’est pas une fonction support. C’est un bien public.

Lebo Madiba parle d’expérience. Son premier grand projet de communication en santé l’a amenée à coordonner une initiative panafricaine de sensibilisation sur le diabète, aux côtés de ministres de la santé et de journalistes. Une opération à haute intensité, dans un environnement sous pression. De cette immersion, elle a tiré une conviction forte : la communication dans ce domaine ne peut se permettre l’approximation. Elle se doit d’être rigoureuse, empathique et crédible. Car la confiance, ici, ne se décrète pas. Elle se construit dans la durée, avec méthode et engagement.

Ce que dit Madiba, au fond, dépasse largement le seul champ de la santé. Son appel à construire une visibilité qui soit méritée, claire et cohérente entre en résonance avec les défis que rencontrent aujourd’hui tous les communicants du continent. À l’heure des récits fabriqués et de la performance permanente, elle propose un autre chemin : celui d’un personal branding non pas spectaculaire, mais utile. Une marque personnelle ou institutionnelle qui ne cherche pas à briller, mais à inspirer confiance, par sa constance et sa sincérité.

Les secteurs régulés, souvent complexes et exposés, comme la santé, nous rappellent l’essentiel. Dans ces environnements, on ne communique pas pour plaire. On communique pour faire comprendre. Pour orienter. Pour mobiliser avec justesse. La santé nous impose une posture plus humble, plus lucide, parfois plus exigeante. Et c’est précisément cette exigence qui peut aujourd’hui inspirer d’autres sphères : institutions publiques, développement durable, finance inclusive, programmes à fort impact social.

Ce changement de regard sur la communication implique aussi un changement de posture. Il ne s’agit plus seulement d’occuper l’espace, mais de le mériter. Ce que Madiba met en lumière, c’est cette nécessité de faire coïncider visibilité et responsabilité. D’assumer, en tant que communicant, une fonction citoyenne. Et cela suppose de sortir d’une logique purement tactique pour aller vers une démarche stratégique, ancrée dans les réalités locales, mais ouverte sur le monde.

La communication en santé n’a pas le luxe du superflu. Elle doit aller à l’essentiel. Informer, oui, mais avec précision. Mobiliser, oui, mais sans manipuler. C’est cette rigueur-là que nous devons apprendre à généraliser. Non pas en dupliquant des modèles, mais en intégrant cette logique de responsabilité dans notre manière de penser la communication, quel que soit le secteur.

Il y a dans les propos de Lebo Madiba une invitation à faire mieux, mais surtout à faire autrement. Une invitation à réconcilier stratégie, intégrité et impact. Car dans un monde saturé de messages, ce sont les voix justes et sincères qui, au final, font la différence.

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