« Le Bénin a accédé au Mécanisme élargi de crédit (MEDC) et à la Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI » Romuald Wadagni
Dans un entretien accordé à Focus-Pays du FMI, Romuald Wadagni, Ministre d’État en charge de l’économie et des finances du Bénin, et Constant Lonkeng, Chef de Mission FMI pour le Bénin, abordent les principaux aspects du nouveau programme : consolidation de la protection sociale, de l’État de droit et de la gouvernance ; renforcement de la mobilisation des recettes ; et atténuation des risques sécuritaires.
Quelles sont les principales priorités du Gouvernement dans le cadre de ce nouveau programme et au-delà ?
Ministre d’État Wadagni : Nos principales priorités sont définies dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) 2021–2026, qui est ancré au Plan National de Développement (PND) 2018–2025. Le PAG s’articule autour de trois piliers principaux : (i) le renforcement de la démocratie, de l’État de droit et la consolidation de la gouvernance ; (ii) la poursuite de la transformation structurelle de l’économie, en particulier l’intégration des chaînes de valeur nationales et régionales (soutenue par des mesures visant à améliorer l’environnement des affaires) ; et (iii) l’amélioration du bien-être de la population.
Le Gouvernement poursuivra les mesures en cours en vue de promouvoir les secteurs à fort potentiel tels que l’agriculture, le tourisme, l’économie numérique et l’économie du savoir, en mettant l’accent sur l’enseignement technique et la formation professionnelle. Nous achèverons également les projets d’envergure entamés au cours de la période 2016–2021 pour réduire le déficit en infrastructures du Bénin, notamment dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’eau.
Ces initiatives seront étayées par une gestion saine et transparente des finances publiques et soutenues par une solide mobilisation des recettes intérieures, notamment pour consolider la stabilité macroéconomique et alléger le fardeau de la dette sur les générations futures.
Quel est le plan du Gouvernement en termes de renforcement du système de protection sociale du pays ?
Ministre d’État Wadagni : Le Gouvernement a commencé à étendre les programmes sociaux existants tout en introduisant de nouveaux programmes pour renforcer les filets de sécurité sociale. Notre programme phare de protection sociale (ARCH) vise à améliorer l’accès aux services de santé des groupes vulnérables. Nous envisageons également d’étendre notre programme national d’alimentation scolaire (PNASI), de sa couverture actuelle de 75% des écoles à l’ensemble des écoles l’année scolaire à venir.
Nous allons intensifier les investissements dans les infrastructures de santé et l’accès à l’eau potable dans les zones rurales, ainsi que dans l’éducation, en particulier pour les filles. Le gouvernement a déjà mis en place un important programme visant à garder les filles à l’école afin de renforcer leur formation secondaire, technique et professionnelle. Dans le même esprit, nous envisageons des transferts monétaires conditionnels à plus de 30 000 filles et jeunes femmes scolarisées à travers les 77 communes du Bénin. Nous renforçons également l’assistance aux personnes à mobilité réduite et aux aides-soignant(e)s. Enfin, après consultation avec les syndicats, nous augmenterons le salaire minimum pour atténuer l’érosion du pouvoir d’achat des personnes à revenu faible vu que le dernier ajustement a été opéré en 2014.
Le programme prévoit des dépenses initiales pour atténuer les risques liés à la sécurité. Pouvez-vous préciser ?
Ministre d’État Wadagni : Frontalier à des pays en proie au terrorisme djihadiste, le Bénin est depuis 2019 confronté à une recrudescence des attaques terroristes le long de ses frontières dans la partie septentrionale. Pour y répondre, le Gouvernement a musclé son dispositif sécuritaire aux frontières, consolidé le contre-terroriste et la coopération sous-régionale en matière de sécurité.
Par ailleurs, le Gouvernement s’est doté d’une stratégie nationale en matière de sécurité de grande envergure centrée sur une « approche civile » et visant à renforcer la présence et l’efficacité de l’État dans les communautés à risque, notamment en améliorant l’accès des populations aux services publics de base. Cette stratégie va donc au-delà de l’approche traditionnelle pour combattre les menaces sécuritaires ; elle comprend notamment des programmes tels que la réhabilitation des pistes rurales, l’amélioration de l’accès au microcrédit, la promotion de l’agriculture et des activités génératrices de revenus, l’adduction d’eau dans les villages, et le soutien à l’élevage et gestion de la transhumance. Le coût global de cette stratégie est estimé à 630,8 milliards de francs CFA ouest-africains (soit environ 1 milliard de dollars américains) sur la période 2021–2026
Source : FMI