Marikana ,7 ans déjà… Où va l’Afrique du Sud ?
Une répression d’état
Le 16 août 2012, dans la mine de l’entreprise Lonmin, alors que les mineurs étaient en grève, la police intervenait en tirant à balles réelles sur les mineurs sans armes. 34 salariés mineurs étaient tués et de nombreux autres grièvement blessés.
Le nom de l’actuel président du pays, Cyril Ramaphosa est sinistrement lié à ce massacre qui a changé les rapports de confiance entre les travailleurs sud-africains et les dirigeants de l’ANC.
En effet, Ramaphosa, membre historique de l’ANC, est également, à cette époque, membre du Conseil d’administration de l’entreprise minière Lonmin (!) et il est de notoriété publique que, ainsi muni de cette double casquette, il a usé de sa position pour faire mettre un terme à cette grève.
Cette répression fit l’effet d’un séisme dans le monde du travail et les couches populaires sud-africaines. C’est ainsi que, en 2013, dans l’année qui suivit ce massacre, la NUMSA, puissant syndicat de la métallurgie et membre de la grande confédération syndicale COSATU, jusque là membre de la coalition au pouvoir avec l’ANC et le SACP (Communiste), rompt sa participation à la confédération.
A qui appartient le pays ?
Près de trente années se sont écoulées depuis la fin de l’apartheid et, force est de constater que la propriété de l’économie n’a pas changé de mains, autrement dit que la minorité blanche concentre toujours l’essentiel des richesses et que les inégalités entre elle et la majorité noire, sont demeurées intactes dans quasiment tous les domaines.
Certes, ces inégalités ne sont plus institutionnelles, certes l’apartheid n’est plus « légal », mais les lignes de démarcation sociale ont été remplacées stricto-sensu par les lignes, tout aussi féroces, de la ségrégation économique. le chômage est au taux terrible de 27% de la population active pour atteindre jusqu’à 56.4% pour la tranche d’âge comprise entre 15ans et 24 ans !
Depuis l’arrivée de l’ANC au pouvoir, ce parti ne s’est jamais décidé à mettre à l’ordre du jour les inégalités héritées de l’apartheid. Ainsi la quasi totalité des terres cultivables est toujours aux mains d’une infime minorité blanche, ainsi l’appareil économique privé est toujours la propriété exclusive des blancs, etc…
Ne peut évidemment s’en suivre que la perpétuation des inégalités telles qu’elles étaient sous l’apartheid politique.
Quelle orientation ?
Aujourd’hui, cédant à la pression des conglomérats internationaux et des banques, l’ANC et Ramaphosa démantèlent, une à une, les grandes entreprises d’état pour les confier au secteur privé.
La population souffre en première ligne de cette liquidation des biens économiques publics, notamment dans le domaine de l’énergie et le syndicat NUMSA, avec d’autres, porte ces mécontentements grandissants.
Beaucoup résument ainsi la situation : « La ségrégation du capital a remplacé celle de l’apartheid et tout continue comme avant. » De ce fait, l’impopularité de l’ANC va croissant, ajoutée à une absence montante de la démocratie réelle, autrement dit celle qui consisterait à ce que la majorité noire puisse décider, promet de lendemains électoraux particulièrement compliqués pour l’ANC et les communistes.