Chronique de Romuald Boko : Talon-Yayi : les maitres du jeu ?
Impavide, discret mais aussi très disert, le Président Talon apparaît incontestablement comme l’un des maitres du jeu. Avec toutes les cartes en mains, il gère, et l’opposition et la mouvance ; même la société civile a perdu son beau latin d’antan. Dans la galaxie politique béninoise, il n’y a point d’équation insoluble pour lui. C’est lui qui impose les règles du jeux – la classe politique étant à sa solde, mêmes les plus insoumis vieillards de la vieille garde -, il est tout simplement le chef d’orchestre, le maitre à penser, le réalisateur et en même temps le metteur en scène.
Il est impossible de préjuger sur lui, de parier sur ses répertoires, ses moyens et ses pensées. Si vous l’attendiez par devant, il apparaîtra par derrière ; et si à l’inverse, vous l’espériez par l’arrière, le revoilà déjà devant vous !
C’est un véritable créateur de la chose politique. Une nouvelle école tout court. Heidegger dirait simplement de lui Da-sein, c’est-à-dire « l’être-là »
De l’autre côté, son Alter égo Boni Yayi a été révélé ces dernières décennies comme un Objet Politique Non Identifié (OPNI) qui défie les lois de la certitude et des compromis. Un véritable acteur politique qui dément royalement sur lui, toute probabilité politique.
Même aux pires moments où tout semble basculer, où les rudes épreuves du pouvoir enseignent à grandir, où la confiance et la sérénité deviennent les ultimes remparts, l’acteur reste intact. Il sait se sortir grandi. Soit, il n’est sans doute pas l’homme idéal du sérail étatique, mais il pourrait incarner un modèle mythique de la légende béninoise à définir…sait-on jamais.
Ces deux espèces politiquement rares en voie de disparition ont , à eux deux, le pouvoir de réconcilier Dieu et le Diable pour qu’enfin, les portes du paradis politique s’ouvrent dans les cieux béninois. Car il faut le savoir, la paix existe toujours, même entre le marteau et l’enclume, si personne ne soulève l’enclume.
Romuald Boko