Chronique de Romuald Boko : Internet, un danger pour la jeunesse africaine ?
«La fin de l’histoire et le dernier homme ». Ainsi s’énonçait le titre provocateur et pompeux de l’ouvrage de Francis Fukuyama au début du 19 ème siècle. L’auteur américano-japonais, fondant sa thèse sur la philosophie d’Alexandre Kojève, avait établi que le dernier homme serait cet homme là dont le mouvement et les activités dépendront exclusivement de l’évolution de la science et de la technologie. La polémique qui a eu cours dans le temps tant les critiques et les objections avaient été acerbes ne font plus recette aujourd’hui, puisque plus d’un siècle après, l’idée de Fukuyama a triomphé de celles de ses détracteurs. Plus que jamais, le monde actuel est plongé dans l’univers technologique. A l’ère de la révolution industrielle succède donc celle de la révolution technologique. Et le «dernier homme», l’homo sapiens sapiens, en dépend viscéralement. Dès les premières heures de l’avènement de la technologie, des jeunes étudiants africains étaient obligés d’aller vers le vieux continent ou le nouveau monde pour acquérir certains savoirs dans des domaines bien pointilleux et variés. Mais aujourd’hui, grâce aux technologies de l’information et de la communication (Tic), des chercheurs ont réussi à rapprocher le savoir de l’apprenant, la connaissance du chercheur.
Depuis son apparition, cette technologie gagne de part son utilité dans plusieurs domaines notamment la santé, l’économie, l’éducation, l’agriculture etc. On parle notamment de e-commerce e-agriculture, e-learning, télé-éducation, etc…
Mais est-ce que les Tic en général et l’Internet en particulier sont toujours bien utilisées ? Que représentent ces outils pour la génération montante?
Rabelais nous disait depuis des lustres que : » science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». A juste titre, l’auteur français exige de l’humanité, l’usage consciente de la science. Autant la bombe atomique n’était pas destinée pour détruire les humains, autant le développement des Tic ne saurait être ni le sabre envenimé à la solde du salafisme, ni l’outil luciférien de vol, du dénigrement, de chantage et de pratiques frauduleuses encore moins l’instrument de révolution du plus vieux métier du monde. Aujourd’hui plus que jamais, des jeunes africains utilisent malheureusement les Tic à des fins peu orthodoxes contre l’éthique et la morale.
Il est aisé de voir des jeunes filles poster leurs photos nues, en tenue d’Eve, ou se filmer dans des ébats à la limite pornographique juste pour attirer plus de clientèle. Quel type de client au fait?
L’autre aspect du mésusage de Tic, c’est le rançonnement et l’arnaque. Très répandue aujourd’hui surtout dans des pays en voie de développement, la cybercriminalité est malheureusement une » filière » qui draine le plus grand nombre de jeunes africains à la recherche du gain facile et rapide. Le stade du 4 août de Bamako aurait été déjà vendu à un expatrié tout comme l’Etoile Rouge de Cotonou ou le Palais de congrès de Lomé. Les Sakawa du Ghana avaient délivré des faux vrais visas américains pendant une dizaine d’année à Accra. Quelle « ingéniosité » ?
Par ailleurs, des apprenants du continent noir qui devraient se servir de cette révolution numérique pour accélérer leur apprentissage se voient pris au piège de l’usage abusif et mal contrôlé, toutes choses qui favorisent leur abrutissement total.
Au-delà de ces aspects , il importe que les utilisateurs de cette technologie évitent de partager des appels au jihadisme , à la criminalité organisée ou des contenus faisant l’apologie du mal.
L’usage de cet outil merveilleusement magnifique doit rester rationnel et utile pour l’humanité toute entière.
Le contraire serait le contraire.